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Vision 2035 : J.P. Morgan parie sur la résilience du capital

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À l’occasion du 30ᵉ anniversaire de ses “Long-Term Capital Market Assumptions”, J.P. Morgan Asset Management redessine la carte des rendements à dix ans. Malgré la montée du nationalisme économique, la volatilité des taux et la révolution de l’intelligence artificielle, la banque américaine garde foi dans la robustesse du portefeuille 60/40 et dans l’avenir des actifs réels.
 

Le temps long comme boussole
En pleine recomposition géopolitique et financière, J.P. Morgan prône la constance. Dans son rapport 2026 sur les hypothèses d’évolution à long terme des marchés de capitaux (LTCMA), la banque réaffirme la validité du modèle de portefeuille 60 % actions / 40 % obligations, pilier historique de la gestion patrimoniale. Selon ses projections, ce mix classique offrirait encore un rendement moyen de 6,4 % par an sur dix à quinze ans — un niveau jugé attractif au regard des tensions actuelles sur les marchés.
 

Mais l’avenir appartient aux portefeuilles hybrides : ceux intégrant une part croissante d’actifs alternatifs (private equity, infrastructures, immobilier, forêts, matières premières…). J.P. Morgan met ainsi en avant le concept de “60/40+”, où 30 % d’actifs réels porteraient le rendement espéré à 6,9 %, tout en améliorant le ratio de Sharpe de 25 %. Une manière de conjuguer performance et stabilité dans un monde devenu plus imprévisible.
 

« Construire des portefeuilles résilients signifie aller au-delà des approches traditionnelles. Les investisseurs doivent penser différemment, en intégrant des actifs réels et alternatifs », explique Grace Peters, co-directrice mondiale de la stratégie d’investissement chez J.P. Morgan Private Bank.
 

Les nouveaux moteurs du rendement
Pour John Bilton, directeur de la stratégie multi-actifs, l’environnement à venir sera fait de croissance modérée, de nationalisme économique et de transition technologique accélérée. Trois forces contradictoires qui complexifient les arbitrages :
– le repli sur soi budgétaire (subventions, relocalisations, tensions commerciales) alimente l’inflation ;
– la révolution IA soutient la productivité mais creuse les écarts entre entreprises ;
– la hausse du coût du capital favorise les bilans solides et la sélectivité.
Face à ces vents contraires, la diversification devient vitale. Le rapport estime que les actions mondiales devraient dégager un rendement moyen de 7 % en dollars, légèrement supérieur à celui des marchés américains (6,7 %), tandis que les marchés émergents pourraient atteindre 7,8 %.
 

Côté taux, les Treasuries intermédiaires offriraient environ 4 %, et le crédit investment grade américain autour de 5,2 %, soutenu par des bilans d’entreprises assainis et des émissions plus courtes.
Les actifs alternatifs, eux, signent leur grand retour. Private equity (10,2 %), immobilier core américain (8,2 %) et infrastructures mondiales (6,5 %) retrouvent une attractivité oubliée, tirée par la transition énergétique et la demande en équipements essentiels. Même les forêts et les matières premières réapparaissent comme des couvertures naturelles face à l’inflation et aux chocs géopolitiques.
 

L’investisseur face à la complexité
Derrière ces chiffres, le message est clair : la patience et la discipline restent les premières vertus patrimoniales. « Dans un monde incertain, ancrer ses investissements dans une stratégie fondée sur des objectifs garantit que le portefeuille reste aligné et adaptable », rappelle George Gatch, CEO de J.P. Morgan AM.
 

Le rapport, devenu une référence mondiale depuis sa première édition en 1995, résume trois décennies d’évolution financière : de la bulle internet à la pandémie, de la mondialisation heureuse à l’essor de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, l’équation se réécrit. Le capital se déplace, les chaînes de valeur se fragmentent, mais les fondamentaux demeurent : le rendement vient de la durée, de la diversification et du risque mesuré.
 

La vision “2035” de J.P. Morgan n’est donc pas un manifeste d’optimisme béat, mais une défense de la rationalité. Dans un environnement d’inflation plus volatile, d’IA omniprésente et de politiques publiques interventionnistes, l’investisseur averti doit conjuguer stratégie, temps long et flexibilité. Les forces contraires ne disparaissent pas : elles s’équilibrent.
 

Source : J.P. Morgan Asset Management, Long-Term Capital Market Assumptions 2026, publication du 24 octobre 2025.